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Audinot.
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Comme ladite dame plaignante a intérêt de veiller à la confcrvation de fés jours qui font en danger avec un mari auffi emporté et auffi violent ct de fe mettre à l'abri de fés mauvais traitemens, elle a été confeillée dc nous rendre la préfente plainte.
Signé : Jeanne-Marie Jouglas ; Vakglenne.
(Archives df s Comm., n" 4992.)
VI
L'an 1783, Ie vendredi 28 novembre, neuf heures un quart de relevée, en notre hôtel et par-devant nous Mathieu Vanglenne, etc., cit comparu fleur Nicolas-Médard Audinot, ancien penfionnaire du Roi, muficien de feu S. A. Monfeigneur le prince de Conti et entrepreneur du fpectacle de l'Ambigu-Comique, demeurant à Paris, rue des Foffés-du-TempIe, paroiue St-Laurent : lequel nous a dit quc les manœuvres criminelles pratiquées par un particulier
qu'il a appris fe nommer Abraham D..... pour parvenir à féduire la dame
Audinot, fon époufe, font portées à un tel point qu'il ne trouve pins dans l'autorité maritale des moyens fuffifans pour les réprimer et que fon unique reflburce eft d'implorer le fecours des tribunaux.
En 1776, le plaignant époufa Jeanne Jouglas, alors âgée de 19 ans et fans fortune. Le plaignant lui fit des avantages confidérables par fon contrat de mariage, efpérànt que la tendreffe de fa femme étant fortifiée par les fenti-mens de reconnoiflance, leur union en feroit d'autant plus durable. Pendant les deux premières années du mariage le plaignant n'eut pas lieu de fe plaindre dc fa femme, et ils jouiroient encore tous les deux de la plus parfaite tranquillité, fi le fleur Abraham D.....ne fût venu Ia troubler.
Vers le mois de janvier 1782, ledit fleur Abraham D..... s'étant procuré l'entrée de la maifon du comparant à fon infu et par le fecours des do-meuiques qu'il avoit gagnés, il n'épargna rien pour confommer Ie projet qu'il avoit conçu et féduire la femme du comparant. Il commença par détruire dans le cœur de ladite dame Audinot tous les fentimens d'eftime et de tendreffe qu'elle avoit pour fon mari, et fuivant l'ufage des féducteurs il repréfenta à ladite dame Audinot la fainteté du mariage comme une chimère ct la fidélité conjugale comme un préjugé ridicule fait pour le peuple et pour les ignorans et il ne craignit pas même de configner cette criminelle doctrine dans plufieurs lettres qui font tombées entre les mains du comparant.
Le comparant ignore jufqu'à quel point ces affreufes leçons ont pu faire impreffion fur l'efprit de ladite dame Audinot; il aime à fe flatter que les entreprifes dudit fleur Abraham n'ont pas été couronnées du fuccès le plus complet et tel que fa paffion le lui faifoit défirer : mais ce qu'il ne peut pas fe diffimuler, c'eft que ces pernicieufes follicitations ont au moins fervi à lui faire méprifer les devoirs les plus facrés de fon état, à méconnoître les droits de l'autorité maritale ct même à braver les lois impofées par la décence.
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